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Cheval de Troie de la relance du nucléaire en France exigé par la nucléocratie et mise en musique par ses obligés politiciens au pouvoir, le projet de construction de deux réacteurs nucléaires « EPR2 » sur le site de Penly (Seine-Maritime) qui faisait l'objet d'un débat public organisé par la "Commission particulière en charge du débat public" est devenu caduc pour la Commission Nationale du Débat Public.

Un communiqué signé de sa Présidente, Chantal Jouanno, après une réunion exceptionnelle précise que la CNDP considère que la disposition du code de l’environnement au droit à l’information et à la participation du public à l’élaboration des projets et leur opportunité, leurs alternatives et leurs caractéristiques est bafouée. Les réunions prévues notamment le 16 février à Tours et la dernière, le 27 à Rouen, n'auront donc pas lieu.

0_logo_pdf.pngCourt-circuitée par l’adoption par le Sénat, le 24 janvier dernier, d'un projet de loi d’accélération des procédures favorisant la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes. Cette adoption comporte des dispositions qui anticipent les décisions à prendre sur l’opportunité du projet relevant du débat public. La commission particulière en charge du débat et son Président Michel Badré estime ainsi qu'il n'y avait pas le feu de débattre au Parlement d'une loi d'accélération administrative avant même que le débat public ait produit ses conclusions.

Court-circuitée aussi par le "Conseil de politique nucléaire" du 3 février piloté par E.Macron "dont le communiqué laisse peu de doute sur le contenu des décisions qui seront prises concernant le programme de réacteurs mis en débat" c'est à dire la relance autoritaire du nucléaire et l'imposition de nouveaux réacteurs atomiques sur le sol français.  "A côté de cette demande d'ingénieurs, la participation du public à tous les stades de la conduite du projet est essentielle et si on ne le fait pas, on s'expose à de graves ennuis. On est dans une société où les gens ont le droit de participer à la décision!", a déclaré Michel Badré.

Le nucléaire est par essence autoritariste et anti-démocratique

Toutes ces décisions récentes  viennent interroger la possibilité même d'une participation réelle du public à l'élaboration des décisions : "c'est le coeur même du débat public qui est en cause", ajoutent les organisateurs tandis que les réunions de Lille et de Lyon avaient été annulées à la suite de manifestations dénonçant le coup de force du pouvoir et des nucléaristes. Quelques jours plus tard Greenpeace et Sortir du Nucléaire avaient d'ailleurs claqué la porte de cette mascarade.

La question gravissime de l'existence du nocif nucléaire et des atteintes à la démocratie n'est pas nouveau: la population n'a jamais été consultée sur le programme nucléaire ni avant ni après que la France ne devienne le premier pays le plus nucléarisé au monde par nombre d'habitant. Dans la dernière décennie et avant tout débat la construction d'un réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville avait été imposée dès 2005 et le projet Cigeo d'enfouissement des déchets radioactifs dès 2013.

La CNDP a donc décidé que les modalités du débat découlant de sa décision du 7 septembre 2022 (portant aussi sur le bien fondé de la politique nucléaire et de ses alternatives) devaient être modifiées et porter spécifiquement, jusqu’à la fin du débat prévue le 27 février prochain, que sur l’enjeu de la place du public dans la gouvernance de la politique nucléaire. Sans en préciser les modalités qui pourraient se résumer à  des commentaires sur internet. Une manière de s'auto-détruire en laissant le pouvoir face à ses manipulations antidémocratiques et autoritaristes.

Le pouvoir envisage, d'après le Canard Enchaîné, de remplacer Chantal Jouanno à la tête de la Commission nationale du débat public par l'ex-ministre macroniste Barbara Pompili.