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Fallait-il, faut-il participer aux débats publics organisés par le gouvernement et les "commissions" institutionnelles? Depuis des décennies, le pouvoir quelque soit son orientation politique, tente de masquer son autoritarisme et son despotisme derrière des débats et consultations bidons. Alors que ce sont les forces et intérêts économiques et financiers qui décident des orientations publiques - les politiciens de gouvernements n'étant là que pour mettre en scène la dictature de leur maîtres - les hommes et femmes d'émancipation doivent-il se laisser enfermer dans ces manipulations, notamment en ce qui concerne le nucléaire. Nous pensons depuis toujours que non, que seules des actions indépendantes auto-organisées et non-alignées sur le timing des dominants sont de nature à empêcher la terreur nucléaire et la domination.

Telle n'a pas été le choix de certaines grosses organisations structurées comme des PME* qui, pour garantir leur respectabilité aux yeux des pouvoirs et leurs survies fonctionnelles à plusieurs millions d'euros, alimentent de contradictions formelles la machine oppressive. Ainsi du WWF, de Greenpeace-France, du réseau Sortir du Nucléaire, de Négawatt,... Aujourd'hui, deux d'entre-elles constatent leur erreur stratégique et viennent d'annoncer qu'elles se retirent du débat public initié en octobre 2022 par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP).

Le communiqué de GP-France et du RSN

Face au passage en force d’un projet de loi d’accélération du nucléaire présenté par le gouvernement et actuellement voté au Sénat, Greenpeace France et le Réseau "Sortir du nucléaire" annoncent quitter le débat public sur l’éventuelle relance de la filière nucléaire française et le projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Les associations dénoncent une mascarade démocratique et un sabotage en règle du débat public par le gouvernement.

En octobre 2022, la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a lancé une consultation en réaction au projet de relance du nucléaire porté par le gouvernement. Ce débat, initialement centré sur le projet d’installation de deux premiers réacteurs EPR2 sur le site de Penly (Normandie), a été élargi à la construction de six, et a fortiori de 14 nouveaux réacteurs nucléaires sur le territoire français. Malgré les efforts et alertes des organisateurs du débat public, le gouvernement s’est employé à saper le travail de consultation pour mieux faire passer en force son programme nucléaire, en particulier à travers le projet de loi d’accélération du nucléaire.

Sans attendre les conclusions de ce débat, qui se terminera le 27 février 2023, le Sénat a adopté le projet de loi, soumis par le gouvernement, pour accélérer les procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires. Pire encore, le 17 janvier 2023, la Ministre de la Transition énergétique a donné un avis favorable à un amendement qui propose la suppression de l’objectif de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans le mix électrique à horizon 2035. Un objectif pourtant voté par l’Assemblée nationale dans le cadre de la dernière Loi de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie.

"En soutenant une hausse de l’atome dans le mix électrique avant même la fin du débat pour satisfaire la droite et les lobbies du nucléaire, le gouvernement piétine le processus démocratique. L’urgence climatique nous impose de déployer des solutions rapidement et financièrement accessibles, à l’inverse de centrales nucléaires aux investissements financiers lourds, aux délais de constructions qui se chiffrent en dizaine d’années, et aux risques imprévisibles sur la gestion de ses déchets pour les générations futures.", selon Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace France.

Le Réseau “Sortir du nucléaire”, annonce qu’il se mobilisera lors des prochaines séances du débat public. “Nous serons présent·es aux côtés d’autres organisations, mais à l’endroit où la démocratie semble devoir encore et toujours trouver sa place pour se faire entendre : dans la contestation, devant les salles du débat public, contre l’adoption du projet de loi d’accélération du nucléaire, contre le choix dangereux de ce gouvernement. Nous vous donnons rendez-vous lors des mobilisations à Lyon (le 2 février), Tours (le 16 février) et à Rouen (la semaine du 23 février)”.

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* nous ne parlons pas évidemment des associations bidons du lobby nucléaire qui de tout temps accompagnent idéologiquement les pires décisions de leurs maîtres