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La prolongation de la durée de fonctionnement des réacteurs nucléaires après 50 années doit encore être démontrée. C'est en substance ce qu'a affirmé Olivier Gupta, le directeur général de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) lors d’une audition devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale. Les affirmations péremptoires de EDF tombent à l'eau.

2016-28-03_CAN84_ImprenableDéjà le subterfuge de la nucléocratie, son tour de passe-passe était de faire croire que la durée de fonctionnement de ses réacteurs atomiques était de 40 ans. Faux: les documents initiaux de EDF indiquent 30 ans. Mais, juré craché c'est ce qui se passe aux Etats-Unis. Faux: aux USA le point de départ de l'existence d'un réacteur nucléaire est calculé dès le premier béton coulé alors qu'en France la durée de mort est calculée à partir de la première divergence/alimentation du réseau électrique. Et comme la construction d'un réacteur nucléaire dure 10 ans environ la durée de fonctionnement des réacteurs US n'est pas plus longue que celle de France. Ironie sinistre du sort, au demeurant, les réacteurs nucléaires français ne sont pas... français mais construit selon les plans américains fournis, moyennant royalties payées par les contribuables, par l'états-unien Westinghouse. Comme indépendance on trouve mieux. Le mensonge d'Etat, toujours le mensonge.

 

Des preuves tangibles pas du bla-bla

La directeur général de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Olivier Gupta, a donc invité EDF à apporter la preuve que ses réacteurs seront à même d’être prolongés au-delà de 50 ans. D'autant plus important que ses plus vieux réacteurs atomiques construits dans les années 1980 parmi les 56 disséminés sur le territoire (dont ceux du Tricastin, de Cruas et du Bugey en vallée du Rhône) ont déjà dépassé les 40 années de fonctionnement - avec des milliers d'incidents et dysfonctionnements attentatoires à l'environnement et à la santé des populations. Selon l'acharnement technophile et mégalomane de EDF ils devraient pourtant atteindre ce seuil des 50 ans en 2030.

"Nous appelons EDF à constituer des démonstrations de sûreté sur la cuve des réacteurs, pour regarder, au-delà de 50 ans, combien de temps les cuves peuvent tenir" , a expliqué M. Gupta, d'autant que "c’est le composant non remplaçable qui est susceptible d’influencer le plus la durée d’exploitation d’une centrale, car les cuves sont soumises à l’irradiation et se fragilisent au fur et à mesure". Et ne peuvent pas être remplacées. Ce que disent et dénoncent les antinucléaires depuis l'origine du nucléaire en France.

 

Inquiétude au sein de la nucléocratie

« Nous souhaitons conduire avec les exploitants concernés des discussions techniques approfondies sur cette question: jusqu’à quand les installations nucléaires pourront-elles fonctionner en toute sûreté ?" On ne peut mieux exprimer l'angoisse qui tenaille le coeur même du petit monde nucléariste. Il nous faut "de la visibilité" sur le sort du parc car un renouvellement ou un arrêt définitif cela ne "s’improvise pas" surtout en termes de sûreté, de rejets de radioactivité mortelle et de production effrénée de déchets mortels dont certains le seront jusqu'à 1 million d'années! .

Pourtant, complice, l'ASN a déjà validé en 2021 le principe d’un allongement de la durée de vie des plus vieux réacteurs au-delà de 40 ans (le réacteur n°1 du Tricastin servant de tête de pont) même si elle enjoignait EDF à réaliser des travaux de sûreté et qu'elle ferait des préconisations réacteur par réacteur. Préconisations que l'ASN sait pertinemment ne pas être respectées ni par EDF ni par les autres acteurs du nucléaire. Sans même parler des dissimulations multiples et bien réelles d'incidents.

Ainsi, summum du double langage et de l'imprécision : "Nous ne disons pas que c’est impossible, nous disons simplement qu’aujourd’hui ce n’est pas prouvé. Cela veut dire qu’il faut maintenant mettre les moyens, chez nous mais d’abord chez EDF, pour que ces preuves soient apportées ou, le cas échéant si on ne peut pas les apporter, qu’on le sache" , précise le directeur général de l’ASN. On se croirait dans une biscuiterie où les travaux indispensables  sur la ligne de production des petits-beurre sont repoussés d'année en année. Alea Jacta Est. Et vogue la galère.