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On ne l'apprend que ce 25 octobre 2022 grâce au site Médiapart mais l'opération judiciaire des gendarmes mandatés remonte aux 27 et 28 septembre derniers. Ces deux jours là, la centrale nucléaire du Tricastin et le bureau de Lyon de l'ASN, l'Autorité de Sûreté Nucléaire, ont été perquisitionné et des documents saisis dans le cadre de l'information judiciaire ouverte au printemps 2022 notamment pour non-déclaration d'incident ou d'accident, mise en danger de la vie d'autrui, faux et usage de faux.

2022_Tricastin_dissimulations-incidents-nucleaires.jpgLes gendarmes spécialisés de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) sont venus chercher un ensemble de documents précis à la demande des juges d'instruction du pôle santé de Marseille suite à l'information judiciaire contre X après la plainte d'un ancien cadre EDF de la centrale atomique déposée en octobre 2021 et les témoignages corroborants ses déclarations de la dissimulation, la minimisation d'incidents graves par la Direction de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme-Vaucluse), non-respect des règles de sûreté des installations nucléaires, infractions au code de l'environnement et au droit du travail, et harcèlement. Depuis un autre cadre a aussi porté plainte.

Les gendarmes se sont notamment rendus dans le bureau de l’actuel chef du service de conduite (ancien lieu de travail du cadre ayant porté plainte, toujours sans affectation de poste par EDF et subissant une "mise au placard") de cette très vieille et délabrée centrale atomique, l'une des plus alarmantes et dangereuses implantées en France.

Si les perquisitions dans les installations nucléaires de "l'Etat dans l'Etat" que sont EDF, Areva-Orano, le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) sont extrêmement rares car ceux qui osent contester l'ordre nucléocratique dominant se comptent sur le doigt d'une main tant l'omerta est la règle : le site du Tricastin est en pointe dans les malversations et les plaintes. Ainsi en 2008, le siège et les installations Areva/Orano de traitement des déchets nucléaires du Tricastin (Socatri) avaient, eux aussi, été perquisitionnés. Huit ans plus tard, en 2016, le siège national d’EDF dans le quartier d'affaires de La Défense (Hauts de Seine) avait été fouillé par l’Autorité des marchés financiers (AMF) suite à des informations financières douteuses communiquées au marché. Dans l'affaire des malversations, faux, falsifications et anomalies de fabrication révélés en 2015 dans le cadre de l'interminable et gouffre financier du chantier de l'EPR de Flamanville (Manche) Areva Le Creusot (Saône et Loire) impliquant aussi EDF avait également subit un contrôle. En novembre 2021, en Guyane à Dégrad-des-Cannes, une affaire de corruption et de favoritisme présumé à la centrale non-nucléaire (thermique) d’EDF avait entraîné également une perquisition.
 
L’ASN - pseudo autorité administrative indépendante censée assurer pour le compte de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France -  n'a pas non plus l'habitude de subir les affres de la justice, tant le petit monde du nucléaire se tient les coudes et applique la loi du silence. C'est même une première pour elle. Pourtant EDF accusée d'avoir, en 2018, dissimulé la gravité et l'ampleur d’une fuite de produits radioactifs à l'Autorité de Sûreté Nucléaire, celle-ci de part son attitude quelque peu sourde aux alertes se trouve impliquée (comme notre site ne cesse de le dénoncer). Pas si contrôlante et suspicieuse que cela avec les exploitants nucléaristes elle a une fâcheuse tendance à fermer les yeux , se faire berner ou accorder des délais de remise en conformité qui ne froissent guère leurs amis du sérail. Bien loin de ses missions visant théoriquement à "protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires". d' informer le public et de contribuer " à des choix de société éclairés".
 
EDF et l'ASN ne souhaitent pas «faire de commentaires ».
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