Fukushima: Ni oubli, ni pardon. Fukushima-sur-Rhône : zone à évacuer
Par admin le jeudi 11 mars 2021, 19:48 - Rhône Durance - Lien permanent
11 mars 2011-11 mars 2021. 3650 jours et 3650 nuits, dix années que la quadruple catastrophe nucléaire à Fukushima-Daïchi (Japon) a commencé son oeuvre de mort qui perdure encore. Certains - nucléocratie mondiale et gouvernements des quelques pays nucléarisés - veulent faire croire que tout va pour le mieux, que le nucléaire est une activité humaine et technique maîtrisée. D'autres - des citoyens sur toute la planète - plus réalistes et rationnels exigent la fin de cette monstruosité de destruction de l'atome. Ils et elles étaient présent-es ce jeudi à Avignon.
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Il est plus facile et plus tranquille pour l'esprit de faire l'autruche, de refuser de voir la réalité. La monstruosité atomique est tellement de l'ordre de l'indicible qu'il faut de la volonté et de la détermination, de l'humanisme pour en prendre toute l'horrible mesure et dire non. Non à cette folie meurtrière, à cette radioactivité artificielle qui, depuis 1945 et les premiers essais de la bombe atomique, depuis la mise en fonctionnement des premiers réacteurs nucléaires, a plus que doublé sur Terre. Apportant avec elle son sinistre lot de cancers, de maladies, de destructuration de l'ADN, de contamination de la chaîne alimentaire, de pollution de l'air et de l'eau, d'exploitation colonialiste, d'esclavagisation des travailleurs, de totalitarisme et négation de la démocratie et des peuples.
Le 11 mars 2021, les retraité-es, salariés, agriculteurs, artisans, artistes qui étaient présents devant l'hôtel de ville d'Avignon pour commémorer le désastre nucléaire de Fukushima, n'ont pas oublié. En solidarité avec des gens comme nous, en auto-défense ici aussi, car Fukushima c'est aussi en France, en Provence, en Vaucluse et partout ailleurs. Les sites atomiques du Tricastin (Drôme-Vaucluse), de Marcoule (Gard), de Cadarache (Bouches du Rhône), de Cruas (Ardèche) sont à quelques encâblures. ET EDF et son gouvernement veulent y implanter un nouveau réacteur nucléaire, un EPR monstrueux.
A Avignon dès le petit matin aux entrées et sorties de la ville ont fleuri des panneaux : "Fukushima sur Rhône" et "Zone à évacuer".
et en Drôme à Valence, au nord du site atomique du Tricastin, qui est impactée également par la radioactivité et la menace nucléaire
vous n'avez pu participer à cette action ? : vous pouvez apporter votre concours financier aux Collectifs citoyens du sud-est pour leur permettre de poursuivre leurs actions contre le crime atomique et pour la vie *
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La presse en parle :
Le Dauphiné Libéré : La Provence :
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* soutien par chèque à : CAN84 , 180 Chemin de la Parisienne 84740 Velleron ou par CB via paypal ici
Commentaires
Dix ans après l’accident nucléaire de Fukushima, il faut toujours arroser les réacteurs de la centrale pour stabiliser leur température. La zone d’évacuation s’étend encore sur plus de 300 km2. C’est une « catastrophe éternisée » dont les
effets nourrissent un « capitalisme apocalyptique ».
Et la France n’a pas tiré les leçons : en 2021, aucun des 56 réacteurs en fonctionnement dans l’Hexagone n’est
au niveau des critères de sûreté post-Fukushima établit par l'IRSN/ASN, et l’Europe vient de voter 5 milliards d’euros de subvention au réacteur expérimental ITER, sur ses crédits climat. Elle est pas belle la vie?
Venu-es du Gard, de Montpellier, d'Avignon et des villes et village de la vallées du Rhône, aux côtés de militants de SUD/Solidaires, des insoumis, du NPA, de la CNT,.. ils ont adressé une lettre-ouverte à la présidente du Conseil Départemental de la Drôm, lu par Dominique Malvaud :
Mme la présidente en exercice du conseil départemental de la Drôme
Début février 2021 vous cosigniez avec 33 élus drômois (ardéchois, vauclusiens et gardois) du Parti Républicain au Parti Socialiste un appel à construire deux réacteurs EPR au Tricastin.
Présidente du conseil départemental vous êtes en charge :
- De la présidence des Commissions Locales d'Informations (CLI) de Tricastin et de l'usine nucléaire de Roman sur Isère chargées de la double mission de « suivre l'impact des installations nucléaires et d'informer les populations. »
- de l'organisation des services d'incendie et de secours (SDIS) pour le département
- vous avez des compétences statutaire en cas d'évacuation massive des populations (Transport, collège....), et ainsi aux cotés du préfet vous avez la responsabilité d'appliquer le plan particulier d'intervention (PPI) et le plan Orsec..
Chargée de ses lourdes responsabilités après les catastrophes de Tchernobyl et il y a exactement 10 ans de Fukushima, vos prises de positions publiques en faveur du renforcement de la présence du nucléaire le long de la Drome et de l'Ardèche doivent donc être prises au sérieux.
Lors de la présentation au Parlement de son rapport annuel sur "l'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2010" 'André-Claude Lacoste président de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) déclarait "Personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais en France un accident nucléaire. La comparaison avec la situation à Fuskushima est inévitable."
Le risque Zéro n'est plus invoqué par personne, et les conséquences d'un accident nucléaire sont bien identifiées. Évacuation de centaines de milliers de personnes (2 millions autour de Cruas et Tricastin), zones condamnées pour des centaines voire des milliers d'années, absence de fonds nécessaires pour indemniser les millions de victimes (perte de logements, d'emplois, maladies...).
L'information d'une catastrophe, la connaissance de sa gravité, la compréhension rapide de la situation sont des éléments essentiels afin d'organiser avec le moins de panique et le plus de sécurité la mise à l'abri des populations menacées.
Nous avons vu à Rouen le 26 septembre 2019 lors de l'incendie de l'usine Lubrizol classée Sévéso une population sans aucune information ni alerte pendant près de 5h, un nuage s'étalant en quelques heures sur des centaines de Kilomètres et aujourd'hui encore de nombreuses interrogations demeurent sur la présence ou non de produits dangereux dans les dérivés des combustions. les habitant-es de Rouen, dès les premières minutes, on signalé l'incendie et les nuages de fumée compensant ainsi l'absence d'alerte des autorités préfectorales et départementales. Un accident radioactif de se sent pas, ne se voit pas et l'on ose imaginer les conséquences d'un avis tardif d'évacuation dans la vallées du Rhône.
Votre certitude qu'il est possible de continuer avec 10 réacteurs vieillissants (4 à Tricastin âgés de 40 ans, 4 à Cruas et 2 à Saint-Alban s'approchant des 40 années de fonctionnement) (démarrage Cruas 1984-1985, démarrage Saint-Alban 1986) et d'en construire deux autres, deux EPR, dont on connaît les déboires depuis 10 ans à Flamanville nous interroge. Nous serions donc intéressé par une rencontre avec vous et vos services afin que vous nous fassiez état de la qualité de vos certitudes, de la préparation de vos services en cas d'accident nucléaire sur l'un des 10 réacteurs qui nous entourent, de vos dispositions pour ne pas dépendre des informations d'EDF ou de Framatome.
Avant la catastrophe du 11 mars 2011 à Fukushima des responsables politiques japonais locaux s'exprimaient comme vous. Ils, elles sont responsables des conséquences supportées par des centaines de milliers de japonais. Est ce la mémoire que vous comptez laisser de votre activité aux générations futures ?
Recevez madame l'expression de nos salutations non radioactives.
Ce samedi matin, à Saint-Paul-Trois-Chateaux, le collectif Stop Tricastin a mené une action de sensibilisation aux risques du nucléaire pour la population vivant autour de la centrale du Tricastin (villes dans le PPI de 20 km).
https://www.francebleu.fr/infos/soc...
Nucléaire : on vit vraiment dans la folie
https://www.revue-ballast.fr/kolin-...
Kolin Kobayashi
En juin 2020, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a licencié Christine Fassert, une chercheuse en sciences humaines qui travaillait sur les conséquences de l’accident de Fukushima, pour « insubordination ». Ce qu’on lui reprochait ? Son refus de la censure et sa prise en compte de l’avis d’experts critiques.
"La première spécificité assumée de "SHINRAI" est qu’il s’agit d’un projet de recherche, qui associe à l’IRSN deux partenaires académiques prestigieux, Sciences Po et l’université Tokyo Tech. La seconde est que notre enquête de terrain, approfondie, s’est aussi penchée sur les habitants qui ne reviennent pas dans les territoires contaminés, sur ceux qui reviennent mais vivent dans une inquiétude permanente pour la santé de leurs enfants… Le projet a également montré comment les questions posées au moment de l’accident de Tchernobyl sont réapparues, notamment des questions scientifiques clivées comme la dangerosité des faibles doses. Enfin, la gestion des conséquences d’un accident nucléaire ne peut pas être décorrélée des enjeux de la poursuite de l’industrie nucléaire : cette question éminemment politique est bien sûr totalement absente des réflexions sur le « post-accident » menées au sein de la sphère nucléaire.
Depuis plusieurs décennies, l’IRSN étudiait les aspects « post-accidentels » via le CEPN, association étroitement liée au monde nucléaire, initiatrice des projets ETHOS et CORE menés en Biélorussie après l’accident de Tchernobyl. Ces projets étaient avant tout des dispositifs d’aide aux populations des territoires contaminés et ont d’ailleurs été critiqués par le monde académique (Topçu, Kasperski, Kimura, etc.) notamment au motif qu’ils enseignent de fait aux habitants à « vivre avec » la contamination radioactive, sans se poser la question des alternatives.
Socio-anthropologue au sein du laboratoire en sciences humaines et sociales de l’IRSN, j’avais en charge des recherches sur la gouvernance des risques nucléaires, que je menais sur la base d’un important travail d’enquête empirique au Japon et en France.
Un premier article avait été écrit dans le cadre du projet AGORAS financé par l’ANR. Il analysait les résultats d’une enquête menée auprès des principaux contre experts français du nucléaire : Bernard Laponche, Monique Sené, Jean-Claude Zerbib, Mycle Schneider… Ce travail avait été complété par l’examen du rapport dit « Pompili » [rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaire]. L’article exposait évidemment largement les analyses réalisées en dehors du monde nucléaire, et il a été refusé par ma hiérarchie comme relevant d’un « parti pris ». Je devais présenter ce travail au colloque final du projet et ma communication a été déprogrammée.
Le deuxième article refusé, basé sur le projet SHINRAI, a été accusé de mettre en défaut l’expertise institutionnelle en soulignant la perte de confiance de beaucoup de citoyens japonais envers leur gouvernement et ses experts.
l'étude de la chercheuse de l'IRSN :
https://www.researchgate.net/public...
https://www.lemonde.fr/idees/articl...
Mako et Ken Oshidori, journalistes indépendants, ont donné une visioconférence le 31 janvier 2021, au cours de laquelle ils ont fait un point particulièrement complet sur la situation à Fukushima. Cette conférence a depuis été traduite et sous-titrée en six langues différentes, dont le français.
Vous pouvez la voir sur : https://www.youtube.com/watch?v=EdQ...
(choisissez le sous-titrage en français)
et sur : https://nosvoisinslointains311.home...
10 ans après la catastrophe nucléaire de #Fukushima, où en sont les mises à niveaux promises sur les centrales nucléaires en France par EDF ? Constat sans appel : AUCUN réacteur en fonctionnement n’est à niveau !
Peu après la catastrophe de Fukushima, des 1ers “stress tests” conduits en urgence sur les centrales françaises ont révélé l’ampleur des modifications à apporter aux installations pour atteindre un niveau de sûreté “acceptable” pour les autorités (cf le rapport de l'ASN : https://www.asn.fr/Controler/Evalua... )
L’Autorité de sûreté nucléaire annonce alors un délai de 10 ans pour mettre en place l’ensemble des mesures nécessaires. Parmi elles, l'arrêt automatique des centrales en cas de séisme ou la prévision d’une source d’eau ultime dédiée en cas d'incident
En 2021, seulement la moitié des modifications essentielles ont été mises en place sur l’ensemble du parc nucléaire français. Aucun réacteur actuellement en fonctionnement en France n’est aujourd’hui aux normes post Fukushima.
Sur la base des données disponibles publiquement et des réponses fournies par l’ASN, au rythme actuel, le parc nucléaire français ne sera pas aux normes post-Fukushima avant au mieux 2039, soit un retard de presque 20 ans. L’ASN n’impose pas mais compose avec les manquements d’EDF.
https://twitter.com/greenpeacefr/st...
Comment le formidable bloc industriel, scientifique et politique de l’un des pays les plus développés du monde s’est-il aveuglé devant la certitude annoncée d’un immense désastre ? C’est une construction historique. Tragique.
Bien avant l’accident de la centrale nucléaire, le 11 mars 2011, des scientifiques avaient multiplié les alertes, qui furent ignorées par un solide réseau de technocrates, opérateurs et experts, explique, dans une tribune au « Monde », Harry Bernas, Directeur de recherche émérite au CNRS spécialiste du nucléaire.
https://www.lemonde.fr/idees/articl...
pdf : https://drop.infini.fr/r/KyUUZhekKL...
A Nîmes aussi on se souvient :