Annonce de Macron, fermeture du Tricastin et de Cruas : nous ne sommes pas dupe
Par Rédaction le mardi 27 novembre 2018, 18:17 - Rhône Durance - Lien permanent
Le président de la République annonce ce mardi 27 novembre qu'il serait favorable à inscrire la fermeture de 14 réacteurs nucléaires dans la loi de Programmation Pluriannuelle Energétique. Mais d'une part il laisse à EDF le soin de décider ce qui lui conviendrait le mieux et d'autre part fixe cet objectif d'ici... 17 ans! La duperie continue. La CAN-SE et le CAN84 prennent position.
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Communiqué de Presse du 27 novembre 2018 de la Coordination antinucléaire du sud-est CAN-SE et du Collectif antinucléaire de Vaucluse CAN84
Nous ne sommes pas dupes, amplifions l'opposition à la destruction atomique, exigeons l'arrêt immédiat du nucléaire
Le CAN84 et la Coordination antinucléaire du sudest prennent acte de l'annonce du président de la République d'une future mise à l'arrêt de 14 réacteurs nucléaire dont peut-être 3 sur 4 au Tricastin et deux à Cruas. Cela confirme ce que nous disons depuis des années : les atteintes et les menaces radioactives sur nos territoires sont une réalité dont il est impératif de se passer. La vétusté des installations accentuant encore plus cette violence sanitaire et environnementale contre le vivant.
Toutefois, nous ne sommes pas dupe :
. ce n'est qu'une annonce politicienne comme il y en a déjà eu par le passé. Souvenons-nous de la fermeture sans cesse reportée de la centrale de Fessenheim par le précédent président socialiste puis de la conditionnalité de cette fermeture à la mise en route d'un réacteur atomique EPR à Flamanville.
. l'échéance de 2035 est une manière d'imposer encore pendant 17 annnés supplémentaires le crime sanitaire atomique, des victimes et des morts par centaines
. le business de la destruction atomique continue voire redouble avec la poursuite des projets atomiques fous tels : ITER, Iceda, Astrrid, Cigéo, EPR, Atmea,...
et pourquoi envisager de fermer seulement 3 réacteurs nucléaires au Tricastin et à Cruas alors que tous se trouvent dans un état de déliquessence, ont leurs enceintes fissurées, connaissent des fuites de radioactivité à répétition, sont implantés sur une faille sismique et, tel au Tricastin, sous le niveau d'eau du canal de Donzère-Mondragon avec une digue non-protectrice.
C'est l'ensemble des installations atomiques du Tricastin, de Cruas et d'ailleurs qu'il faut arrêter, celles de EDF, de Orano-Areva, du Commissariat à l'Energie Atomique qui, chacune porte atteinte à notre santé et notre vie et menace l'ensemble de la Provence et du territoire.
Oui à l'arrêt immédiat du nucléaire non au démantelement
Le greenwashing et le capitalisme vert n'est pas la solution aux enjeux de la vie sur notre Terre. Il ne faut pas démanteler ces installations mortelles mais les sanctuariser et les geler sur place en assurant leur surveillance le temps nécessaire à ce que la radioactivité ait suffisament baissée afin de :
. ne pas générer des milliers de tonnes et de m3 de nouveaux déchets radioactifs pendant plusieurs milliers d'années dont les nucléocrates ne savent que faire si ce n'est les refiler à nos enfants et petits-enfants en voulant les enfouir sous terre (projet de poubelle atomique Cigeo)
. ne pas générer des transports hautement dangereux de ces déchets sur routes, autoroutes, voies ferrées à travers tout le pays
. ne pas exposer inutilement et dangereusement des salariés aux radiations mortelles extrêmes
Le CAN84 et la CAN-SE appellent la population à exiger l'application du principe de précaution, la mise à l'arrêt immédiat de l'ensemble des installations de destruction atomique, la sanctuarisation des sites nucléaires, le reclassement professionnel des personnels du secteur dans celui des biens communs et d 'activités non-polluantes.
Commentaires
Un recul d'au moins 10 ans sur la déjà timide transition énergétique a bien été acté lors de la présentation du Plan Pluriannuel de l'Énergie ce mardi 27 novembre 2018. Emmanuel Macron a confirmé le non respect de la Loi de Transition Énergétique de 2015 en reportant à 2035 le passage à 50% de nucléaire dans le mix électrique Français.
Ce recul sur le nucléaire implique un investissement démesuré, évalué à 100 milliards d'euros par la cour des comptes, pour le rafistolage des réacteurs vieillissants, retardant d'autant la progression des énergies renouvelables, puisque le budget alloué au développement de celles-ci ne dépassera pas les 7 à 8 milliards par an, nous faisant encore une fois rater la marche de l'histoire.
D'autant qu'à ces investissements, s'ajoutent la construction de nouveaux réacteurs souhaités par EDF et l'improbable projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure dont le coût est déjà évalué à 35 milliards d'euros.
Avec ses déclarations, le Président nie la volonté d'une majorité de français à réduire la part du nucléaire et semble oublier les difficultés économiques d'EDF, tout comme le risque croissant lié à la prolongation des centrales au-delà des 40 ans.
Car, contrairement à ce qu'affirme monsieur Macron, le nucléaire n'est pas une énergie à « bas coût ». Le coût de production du kilowatt/heure nucléaire ne cesse de grimper et dépasse déjà le coût de production de certains projets d'énergie renouvelable.
De même, le nucléaire n'a jamais été une énergie « fiable », les incidents et accidents réguliers, ainsi que les 1775 anomalies détectées lors de l'audit de 2016 ont largement démontré le contraire. Cependant, pas de panique : en cas d'accident nucléaire majeur, le préfet a à sa disposition 1,2 millions de comprimés d'iode qu'il pourra faire distribuer en 6h sur l'ensemble du département.
Quant à l'aspect « décarboné » de l'énergie nucléaire, il faut rappeler à monsieur Macron que, bien que le bilan carbone du nucléaire soit comparable à celui de certaines énergies renouvelables, l'émission de gaz à effet de serre est bien la moindre des atteintes à l'environnement commise par l'industrie électronucléaire.
Aucune annonce sur la réduction des émissions des principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre et sur la sobriété énergétique. Le recul des économies d'énergie, pourtant cruciales, est déjà prévu avec la division par deux dans le projet de loi 2019 du budget alloué au crédit d'impôt pour la transition énergétique.
Cette annonce est à la fois le reniement de l'intérêt des populations et de la démocratie, et une preuve du manque de courage écologique du Champion de la Terre, qui s'enferme dans des effets d'annonces, des incohérences et des mesurettes et continue d'amplifier ainsi les colères qui montent.