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Avignon, le 25 novembre 2015,

SECURITE SANITAIRE, SANTE PUBLIQUE
Interpellation des candidats aux Élections Régionales

Madame, Monsieur,

Notre région est la région la plus nucléarisée d'Europe avec, sur son sol, près de 40 installations de destruction atomique civiles et militaires alors que le risque sismique est important dans l'ensemble de la zone du fait de la poussée de la plaque Afrique1.

Chaque jour chacune des installations nucléaires rejette dans l'atmosphère, dans nos rivières et, plus généralement, dans tout l'environnement, de la radioactivité qui porte atteinte à la santé et à la vie des habitants, qui contamine durablement nos territoires et la chaîne alimentaire. Il n'y a pas de dose inoffensive.

La traduction concrète : cancers et leucémies, atteintes neuronales et cardiaques, déstructuration de l'ADN sur plusieurs générations, malformations des fœtus, morts, ...

Les récentes études scientifiques statistiques européennes et mondiales font état d'un sinistre bilan des activités nucléaires depuis les premiers essais de l'arme atomique et le développement des programmes nucléaires nommés abusivement « civils » : 60 millions de morts dus au nucléaire2.

Aurions nous des experts indépendants et soucieux de la santé de la population ? Malheureusement non ! Ce pays est dirigé depuis plus d'un demi siècle par des ingénieurs issus du Corps des Mines, qui ont noyauté toutes les institutions, par seul goût des défis techniques et de l'excellence de leurs réalisations et travaux scientifiques. Ils ont imposé cette technologie - orgueil sans pareil de l'esprit Français - sans aucune consultation démocratique.

Depuis l'après guerre, notre personnel politique, dont vous êtes déjà, ou serez peut-être à l'issue de ce scrutin, peu soucieux de s'intéresser aux questions techniques et de sécurité sanitaire, fait confiance à ces irresponsables issus de nos Grandes Écoles. Au point d'aboutir à une dépendance suicidaire à l'atome, civil et militaire. Ces brillants ingénieurs, hors du monde réel, sont maintenant conscients du fiasco mondial de cette industrie, coupable d'accidents terrifiants et de contamination permanente de l'environnement, mais continuent à défendre bec et ongles le nucléaire, tout simplement ... pour ne pas perdre la face.

Il y aura-t-il un jour un tribunal pour juger de ces crimes contre l'humanité?

Mesdames et Messieurs les candidat(e)s, nous vous appelons à cesser de faire une confiance aveugle à ces faux "experts" nucléocrates qui nous conduisent tout droit à l'accident majeur et engagent à jamais votre responsabilité.

En France, dans notre région :
Areva fabrique, notamment au Tricastin (Vaucluse-Drôme) tout à la fois les éléments radio-contaminants pour les réacteurs nucléaires et ceux pour les armes à uranium dit (abusivement) « appauvri », et exploite, dans une relation néo-coloniale, les mines d'uranium au Niger, l'un des pays les plus pauvres de la planète, et dont l'actuel Président n'est autre que l'ancien Directeur des mines d'uranium d'Areva ; contamination des zones agricoles et atteintes à la santé des travailleurs et habitants à la clef ; à Marcoule (Gard) c'est la fabrication du terrible produit de fission nucléaire « Mox » (celui du réacteur n°3 qui a explosé à Fukushima et qui équipe aujourd'hui la moitié des réacteurs nucléaires français) ; EDF génère dans ses réacteurs nucléaires sous licence états-unienne du tritium, impossible à confiner, qui entre en tant qu'hydrogène dans les molécules d'eau, dans la vie végétale, le corps humain, la vie tout court, dans la nourriture. Sa désintégration est destructrice. Le tritium est l'un des 2 radio-contaminants nécessaires à la bombe atomique.
Le CEA fabrique le terrifiant plutonium des bombes atomiques, relance à Marcoule (Gard) le projet d'un nouveau super-phénix « Astrid » et à Cadarache (Bouches-du-Rhône) le démoniaque « ITER » qui menace toute la région PACA et le pays entier et engloutit des sommes pharaoniques au détriment de l'avenir. ITER qui vient d'ailleurs de se prendre une nouvelle claque : la date du premier plasma est renvoyé pour 2025, soit un retard supplémentaire de 6 ans ! côté rejet de tritium de ce côté on est tranquille, ce sont les rejets de milliers d'euros par contre qui continuent. Un remake du fiasco de l'EPR en quelque sorte.

A ce jour les activités nucléaires ont généré en France plus de 1 500 000 m3 de déchets radioactifs – certains mortels pendant plusieurs centaines de milliers d'années – et dont le lobby de la destruction atomique civile et militaire ne sait quoi faire ; si ce n'est nous les imposer et les refiler aux générations futures, à nos enfants et petits-enfants. Et chaque jour, chaque heure, chaque minute le maintien de la moindre installation nucléaire augmente ce stock de déchets mortels.

Il faut mettre un terme immédiat à ce crime sanitaire. C'est une question de santé publique, de survie de l'espèce, de sécurité.

Nous savons que la Région n’a pas les compétences qui lui permettraient de décider de l’arrêt définitif d’une installation nucléaire (comme c'est le cas dans d'autres pays « démocratiques »).

Néanmoins, les élus régionaux peuvent prendre un ensemble de positions et de décisions, sur lesquelles nous vous demandons de vous positionner et vous engager publiquement, dès à présent, dans le cadre des élections régionales 2015 :

. voter une motion (ou un vœu) en faveur de la fermeture immédiate des installations nucléaires pour des raisons sanitaires et de santé publique,

. refuser, dans les différents domaines de compétence de la Région telles la formation professionnelle, le développement économique, la préservation de l'environnement et de la santé des populations, la gestion des lycées et des collèges, la recherche, etc..., qu'un seul euro ne soit alloué directement ou indirectement aux activités nucléaires et à leur promotion,

. se déclarer, à l'instar de près de 250 collectivités territoriales du Québec, zone sans nucléaire et pour l'abolition des armes nucléaires

. engager systématiquement des actions en justice pour stopper la mise en danger de la vie d’autrui que constitue la poursuite de l’exploitation des installations nucléaires dans la Région,

. se substituer aux organismes officiels pour dénoncer toutes les atteintes à la sécurité des personnes et territoires et les manquements aux règles très minimales de sécurité des installations nucléaires, pour les porter à la connaissance du public et pour agir en justice le cas échéant,

. s'opposer à tout démantèlement rapide d'installation nucléaire, générateur de centaines de tonnes de nouveaux déchets radioactifs, tant que la radioactivité n'aura pas suffisamment baissé ; sanctuariser sur place les installations atomiques mises à l'arrêt définitif.

. exercer une pression constante sur les services de l’État, concentrés et/ou décentralisés, pour obtenir l'arrêt des installations nucléaires existantes et pour empêcher la création de nouvelles installations atomiques (telles, par exemple  ASTRID, ITER, ATMEA,...)

. réorienter les budgets de la recherche, de la formation et de l’aide aux entreprises, auparavant attribués à l’industrie nucléaire, vers le développement des connaissances, des compétences et des emplois dans les domaines de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables,

. faire le choix systématique, pour les bâtiments gérés directement par la Région et pour les bâtiments dont la Région assure les budgets de fonctionnement (lycées et collèges), d'installations de chaleur et d’électricité d'énergie produite à 100% par les renouvelables,

Seul l'arrêt du nucléaire, immédiatement et définitivement, permettra de sauver nos territoires, d'y développer une vie digne et respectueuse de chacun-e et de tous, de sécurité pour tous. Alors notre Région pourra enfin se tourner réellement vers l'avenir libéré du dogmatisme, des croyances mensongères et de l'emprise du lobby nucléaire qui hypothèque toute perspective.

Nous vous demandons, en tant que candidat(e)s aspirant aux plus hautes fonctions régionales, de prendre des engagements concrets sur les points évoqués.

Il semble évident qu'une absence de prise de position de votre part sera, de fait, interprétée comme un total désintérêt pour la santé publique, et votre responsabilité dans les maladies radio induites, et les conséquences d'accidents hautement probables, totalement engagée, même devant la justice, car vous êtes parfaitement instruit, ne serait-ce que par nos soins, des dangers terribles de cette industrie.

Nous tenant à votre disposition pour vous apporter toute l’aide nécessaire à la réalisation de ces engagements, nous vous informons que nous porterons à la connaissance de la population et des médias vos positions ou refus de réponse.

La Coordination antinucléaire du Sud-Est,