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AREVA et ses filiales n'aiment pas être prises les mains dans le sac de l'illégalité et de leurs petites combines visant à échapper à leurs obligations - même limitées - de sécurité*. Depuis plus d'un an, depuis le 26 juin 2012 exactement, Areva se tord les boyaux et s'amuse des prescriptions incontournables formulées par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) de mettre en œuvre, au moins provisoirement, des dispositions pour être à même de gérer des situations d’urgence tel un séisme ou une inondation (nommé dans le jargon technocratique "aléa naturel extrême"). Le site du Tricastin ayant été installé judicieusement par les grands penseurs "techniciens et ingénieurs les meilleurs du monde"... sur une zone sismique et à risque d'inondation : il y a effectivement de quoi s'amuser pour les nucléocrates.

Vue_Generale_site_nucleaire_Tricastin_France_800_copie.jpgLes filiales Areva et la maison-mère qui exploitent plusieurs installations sur les sites du Tricastin, ainsi qu'à Romans-sur-Isère (Drôme) pour la FBFC, refusent ainsi d’améliorer leurs moyens de gestion des situations d’urgence dans le cadre des actions découlant de la catastrophe nucléaire pérenne de Fukushima-Daïchi depuis le 11 mars 2011. Ce que les cyniques nomment "le retour d'expérience".

L’ASN en aurait, comme on dit, un peu "marre" que les exploitants EURODIF Production, COMURHEX, SOCATRI, SET du site du Tricastin et FBFC également présent sur le site nucléaire de Romans-sur-Isère, toutes des filiales d’AREVA NC, lui fassent des pieds de nez. Et, sentant la suite logique venir, l'Autorité sort le parapluie pour ne pas être accusée à son tour de la co-responsabilité d'un accident. Pourtant ce soi-disant "gendarme du nucléaire" ne se montre pas d'une violence extrême puisque les solutions définitives - et non plus provisoires - pour la gestion de ces situations d’urgence doivent être mises en œuvre avant ... le 31 décembre 2016. Autant dire que la violence de l'injonction n'est pas, elle, extrême. Le risque et le danger, eux, oui. Mais comme les dispositions provisoires devaient être, elles, bouclées et opérationnelle pour le 30 juin 2013 : le compte n'y est pas.

explosion-et-colonne-de-fumee-a-tricastin.jpgAucune des installations nucléaires du Tricastin ne possède donc de locaux et de moyens d’urgence résistant à des situations extrêmes. Bien qu'ici ont s'amuse tous les jours avec l'uranium : on fait de la conversion de minerai venu à 100% de l'étranger, de l’enrichissement physico-chimique, de l’entreposage de mort et de la fabrication de combustibles qui alimenteront ensuite les réacteurs nucléaires d’EDF. Tout ça est stocké sur place, apporté, renvoyé et transite par la route et par le rail et traverse les régions françaises en tous sens à longueur d'années.

Illustrant la domination du lobby nucléaire sur le pays et ses habitants, AREVA a envoyé aux pelotes ses propres propositions transitoires. Elle les avait transmis à l’ASN le 28 juin 2012 mais, un an plus tard le 26 juin 2013, elle propose par courrier d’autres dispositions que celles initialement prévues, et évidemment avec de nouvelles échéances et bien sûr sans apporter de justification. Et un an de gagner ! Et un an de profit en plus ! et un an de risque en plus sur le dos des travailleurs et des populations. "On est les plus forts", "on est les maîtres dans ce pays", "on fait ce qu'on veut" !

L'ASN n'a plus que ses yeux pour pleurer et constater que les dispositions des décisions du 26 juin 2012 ne sont pas respectées par AREVA. Mais qui s'en étonnerait lorsque l'on fait le bilan terrible de tous les dysfonctionnements, incidents et accidents survenant à longueur d'année sur le site du Tricastin, poubelle nucléaire que le pouvoir ne ferme toujours pas.

24-05-eurodif.jpgAlors, conformément aux dispositions de l’article L. 596-14 du code de l’environnement, les exploitants EURODIF Production, COMURHEX, SOCATRI, AREVA NC, SET et FBFC sont mis en demeure par l’ASN de respecter ces dispositions. Immédiatement ? Non pas car on est entre gens de bonne composition et on ne va pas se brouiller pour si peu. On ne sait jamais, dès fois que dans le plan de carrière, on passe de l'ASN chez Areva ou vice-versa, ou que l'on devienne conseiller du Préfet ou bien encore Maire ou Conseiller général ou régional. Alors l'ASN, d'une violence extrême, fixe le délai de mise en oeuvre des mesures provisoires qui devaient être opérationnelles depuis fin juin entre... quatre à huit mois à compter de la notification de la décision de mise en demeure.

Fermer le ban! Dormez en paix brave gens, le business de la mort, des atteintes à la santé et de la destruction atomique continu.

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* la seule sécurité en matière nucléaire est l'arrêt immédiat et sans condition des installations.

(1) Georges Besse II : Décision n° 2013-DC-0365 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 25 juillet 2013 portant mise en demeure de l’exploitant SET de respecter les dispositions de l’article 1er de la décision n° 2012-DC-0301 du 26 juin 2012 fixant des prescriptions complémentaires applicables à l’installation nucléaire de base n° 168, dénommée Georges Besse II, située sur le site de Tricastin (départements de la Drôme et du Vaucluse), au vu des conclusions de l’évaluation complémentaire de sûreté
http://www.asn.fr/index.php/content/download/39174/290078/file/2013-DC-0365.pdf

EURODIF Production : Décision n° 2013-DC-0364 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 25 juillet 2013 portant mise en demeure de l’exploitant EURODIF Production de respecter les dispositions de l’article 1er de la décision n° 2012-DC-0299 du 26 juin 2012 fixant des prescriptions complémentaires applicables à l’installation nucléaire de base n° 93, dénommée Georges Besse, située sur le site de Tricastin (départements de la Drôme et du Vaucluse), au vu des conclusions de l’évaluation complémentaire de sûreté
http://www.asn.fr/index.php/content/download/39172/290068/file/2013-DC-0364.pdf

AREVA NC : Décision n° 2013-DC-0362 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 25 juillet 2013 portant mise en demeure de l’exploitant AREVA NC de respecter les dispositions de l’article 1er de la décision n° 2012-DC-0305 du 26 juin 2012 fixant des prescriptions complémentaires applicables à l’installation nucléaire de base n° 155, dénommée TU5, située sur le site de Tricastin (départements de la Drôme et du Vaucluse), au vu des conclusions de l’évaluation complémentaire de sûreté
http://www.asn.fr/index.php/content/download/39168/290048/file/2013-DC-0362.pdf

SOCATRI : Décision n° 2013-DC-0366 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 25 juillet 2013 portant mise en demeure de l’exploitant SOCATRI de respecter les dispositions de l’article 1er de la décision n° 2012-DC-0304 du 26 juin 2012 fixant des prescriptions complémentaires applicables à l’installation nucléaire de base n° 138, dénommée IARU, située sur le site de Tricastin (départements de la Drôme et du Vaucluse), au vu des conclusions de l’évaluation complémentaire de sûreté
http://www.asn.fr/index.php/content/download/39176/290088/file/2013-DC-0366.pdf

COMURHEX : Décision n° 2013-DC-0363 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 25 juillet 2013 portant mise en demeure de l’exploitant COMURHEX de respecter les dispositions de l’article 1er de la décision n° 2012-DC-0298 du 26 juin 2012 fixant des prescriptions complémentaires applicables à l’installation nucléaire de base n° 105, dénommée COMURHEX, située sur le site de Tricastin (départements de la Drôme et du Vaucluse), au vu des conclusions de l’évaluation complémentaire de sûreté
http://www.asn.fr/index.php/content/download/39170/290058/file/2013-DC-0363.pdf

FBFC : décision n° 2013-DC-0367 de l’ASN du 25 juillet 2013 portant mise en demeure de l’exploitant FBFC de respecter les dispositions de l’article 1er de la décision n° 2012-DC-0300 du 26 juin 2012 fixant des prescriptions complémentaires applicables à l’installation nucléaire de base n° 98, dénommée FBFC, située sur le site de Romans-sur-Isère (Drôme), au vu des conclusions de l’évaluation complémentaire de sûreté
http://www.asn.fr/index.php/content/download/39178/290098/file/2013-DC-0367.pdf