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Ce vendredi 15 février 2013 la séance publique est à peine ouverte que le Président du Conseil Général, le socialiste Alary, doit laisser la parole au peuple. La salle est comble et bon nombre de personnes restent debout dans les travées, pancartes à la main "Non à Astrid" et banderole "Arrêt immédiat du nucléaire" déployée. Plusieurs dizaines de manifestants sont obligés de demeurer en dehors de "l'hémicycle" tant l'affluence est nombreuse. Après une première intervention des salariés en grève du Conseil Général, c'est au nom de 18 structures associatives, syndicales et politiques* que Pierre Péguin interpelle les Conseiller-e-s Généraux du Gard sur le criminel projet "Astrid".

2012-02-15_CAN30-CAN84_antinucleaire_conseil-general_Gard_cancer.jpgSi les antinucléaires savent bien que Conseil Général n’est pas décisionnaire de l’activité du CEA à Marcoule, ils savent aussi qu’un vœu des élus peut faciliter ou rendre plus difficile les décisions arbitraires et coups de force du lobby nucléaire.

Contamination réelle et obscurantisme scientiste

Si le centre nucléaire de Marcoule constitue en permanence, par les rejets de radionucléides dans l’eau du Rhône et dans l’air, une menace pour la santé de ses travailleurs (dont beaucoup habitent le Gard) et pour celle des populations les militants antinucléaires dénoncent la menace supplémentaire du projet de construction d’un gros réacteur nucléaire fonctionnant au plutonium et refroidi au sodium liquide, répondant au "doux" nom d’Astrid.

Ce réacteur en devenir s’inscrit dans la filière des "Réacteurs à Neutrons Rapides" (RNR) , autrement appelés « surgénérateurs » et dont les multiples difficultés de fonctionnement ont déjà par le passé prouvé l'imbécilité scientifique, technique et humaine de tels obsessions, tels le sinistre et ridicule "Phénix" (à Marcoule) haut lieu de la bombe atomique et du "Mox" (celui de Fuskushima) et le fiasco du "superphénix " (à Malville) produit du délire scientiste.  Cette filière du plutonium promue par le CEA a valu aux français de voir aussi s'implanter une usine de séparation isotopique à la Hague (Normandie) qui accueille toutes les "merdes radioactives" de nombreux pays et contamine jour et nuit l'environnement.

Le porte-parole des 18 associations et organisations gardoises rappelle aux élu-es ignorants et ravis complices du lobby nucléaire que "le Plutonium produit dans les centrales nucléaires est un métal lourd, poison chimique et aussi et surtout émetteur radioactif alpha de très longue période que l'industrie dissémine dans la nature en quantité suffisante pour perturber nos cellules et induire cancers et mutations génétiques". Et la France en a accumulé des stocks très importants dont elle ne sait plus que faire.

2012-02-15_CAN30-CAN84_antinucleaire_banderole.jpgAussi, depuis 50 ans et sans aucun succès, les scientifiques du CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) espèrent et rêvent de faire de cette filière plutonium, un "nucléaire" qu'ils osent qualifier de "durable". Mais n’osant plus présenter "Astrid" comme un réacteur de 4ème génération, ils argumentent qu'il s'agirait d'un outil visant à briser par bombardement de neutrons (transmutation) les actinides voisins du plutonium (des déchets radioactifs encombrants pour l'éternité).

Malheureusement pour eux  les publications scientifiques montrent que c'est un leurre, que les neutrons ne sont pas captés facilement par les atomes à briser, et qu’en les brisant ils en créent d'autres à gérer. La faible efficacité de cette technologie dénoncée aussi dans un rapport au Sénat, impliquerait inéluctablement la construction de nombreux réacteurs de ce type, tous extrêmement dangereux, et seulement avec pour objectif de diminuer sensiblement ces déchets. Le Plutonium et le sodium inflammable utilisé dans "Astrid" rendrait aussi très difficile et très pointue la gestion des réacteurs de cette filière et créerait les conditions d'une catastrophe inéluctable.

" Que feriez -vous face à une catastrophe à Marcoule de type Tchernobyl ou Fukushima, dont on sait qu’elle est possible d’autant que nous sommes en zone sismique, et dont vous auriez à assurer la gestion des populations sinistrées?" lance Pierre Péguin à la face des élu-e-s.

Un coût exorbitant, un gouffre de crédits publics et moins d'emplois que dans les énergies renouvelables

Cet avant-projet "Astrid" absorbe déjà le tiers des 600M€ du fumeux emprunt "Rocard" pour la recherche. S'il se poursuivait c'est l'argent du CEA, donc de l'état et des citoyens qui serait engagé. Et tout cela alors que déjà 80% du budget de recherche sur l’énergie est alloué au nucléaire aux dépends des autres options non-nucléaires.

Les nombreux scénarios d'abandon du nucléaire, ainsi que les choix non-nucléaires adoptés par d'autres pays montrent que les conséquences sur l'emploi sont en faveur des énergies alternatives. D'une part car il y a un grand besoin des techniciens du nucléaire pour gérer la reconversion : le démantèlement des centrales et la gestion des déchets sont des sources d'emplois pour de très nombreuses années. Le savoir faire de Marcoule est en première ligne. D'autre part, la recherche et la promotion des énergies renouvelables et des économies d'énergie sont créatrices d'emplois nombreux . Des emplois non délocalisables, et tellement moins dangereux que ceux des intérimaires du nucléaires.

Alors qu'est-ce qui empêche les élu-e-s de choisir l'avenir et le renouveau ?


"Vous avez montré que vous pouviez jouer un rôle important dans la reconversion de l'agriculture et de la viticulture gardoise vers des productions de qualité, dans la promotion des transports en commun, des activités touristiques également. Vous annoncez votre volonté de favoriser les activités d’avenir dans le cadre de la transition énergétique. Tout cela entre en contradiction avec l’émission en permanence de radionucléides qui polluent les productions agricoles dans un large rayon autour du site nucléaire militaro-civil de Marcoule, et encore plus contradictoire avec la construction d’un néo-minisuperphénix dans le Gard" dénonce le porte-parole de la coordination des 18*.

2012-02-15_CAN30-CAN84_antinucleaire_salle-01.jpgLa décision de construire un nouveau réacteur nucléaire tel "Astrid" et de poursuivre les activités nucléaires à Marcoule constitue en fait une forme de colonisation de la région aux dépends de ses atouts majeurs.

Effectivement, des analyses montrent dès à présent la présence de tritium et d'autres nucléides dans les productions agricoles, de plutonium dans les boues du Rhône dont on distribue pourtant l’eau en Languedoc. C'est si vrai que les viticulteurs du Tricastin, à deux pas de là, ne veulent plus que leurs bouteilles portent ce nom maudit identifié aux incidents et contaminations nucléaires.

" Il est temps de mettre en avant les atouts de notre région pour une transition énergétique : soleil, vent, biomasse, mer, géothermie, qualité de vie. Et nous pensons que la reconversion du nucléaire ne se fera pas sans une réelle volonté politique, volonté qui doit s'exprimer à tous les niveaux du pouvoir y compris au Conseil Général". Les antinucléaires et le groupe des 18* appellent donc le Conseil Général à s’opposer à la construction du nouveau réacteur nucléaire Astrid, à réclamer l’arrêt de la filière plutonium - filière de la plus haute radiotoxicité et dangerosité - , à appeler le CEA à organiser la reconversion des productions nucléaires de Marcoule, et à transformer le Centre en pôle international d’expérimentation du démantèlement nucléaire ainsi qu'en centre de développement des technologies de sobriété énergétique et d’énergies renouvelables.

Les élu-es du Conseil général auront-ils le courage d'adopter un vœu en ce sens? rien n'est moins sûr et la pression populaire devra sans nul doute redoubler dans les mois à venir pour faire entendre raison à ces entêté-es ignorants des effets désastreux sanitaires de la destruction atomique et complices du crime le plus monstrueux de l'histoire des XXème et XXIème siècle.

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* Collectif Cévennes Garrigues Stop au nucléaire, Alternatifs du Gard, Amis de GreenPeace Languedoc Roussillon, Attac-Alès, Attac-Nîmes, Attac-Uzès, collectif cigalois (Saint-Hippolyte-du-Fort), Confédération Paysanne du Gard, Coordination antinucléaire sud-est, EELV-Les Verts-groupe Nîmes, Faucheurs volontaires Gard-Lozère, Greenpeace Montpellier, Javatomik (collectif du Viganais), La Bruguière Ecologie, NPA Nîmes, Objecteurs de Croissance LR, Parti de Gauche"Aigoual Cévennes Vidourle", Parti de Gauche Nîmes, Vigilance Citoyenne (Gard Rhodanien).

La presse en parle

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