Homos, évolutions, choix éthiques individuel et collectif.

L’homo (1) sapiens devenu l’homme moderne est-il vraiment le stade d’une évolution inéluctable souriante et bienfaisante? Loin s’en faut, au vu de ses comportements sauvages de prédation et de compétition justifiés depuis plus de 2000 ans par un texte biblique dit sacré dont les dominants ont usé et usent encore pour assurer leur puissance régnante sur la multitude. Notamment en plaçant dans la bouche d’une puissance supérieure déiste « tu règneras en maître sur cette terre et les espèces ». Avec sa traduction contingente par l’organisation pyramidale des sociétés.

Et c’est sur ce postulat que se sont développées et se développent des civilisations temporelles hiérarchisées monarchiques ou dites démocratiques qui, de la naissance à leur apogée, finissent toutes par disparaître en nous laissant quelques traces archéologiques bien plus questionnantes sur l’éthique civilisationnel et sociétale que sur le processus de l’évolution.

Existait-il d’autres options d’évolution ?

Le Darwinisme, sur la base d’explorations et constats empiriques, validé depuis par les recherches scientifiques, démontre le processus à l’oeuvre : l’adaptation, la survie des espèces par la reproduction, la continuité de la lignée par l’élimination des moins forts/concurrents. Il traite du « comment? ». Il ne va pas au delà et laisse en friche un pan entier très peu investi par les autres disciplines, celui que nous nommerons d’un terme compréhensible de « pourquoi? »

Existe-t’il, existait-il une autre ou des autres options possibles? S’agissait-il d’un choix? Néanderthal et Denisova étaient les contemporains de Homo Sapiens et non, comme certains le pensent encore de nos jours, les Homos le précédant. Des cousins éloignés peut-être mais pas les parents géniteurs. A preuve les recherches actuelles tendant à révéler les accouplements, peut-être négociés pour assurer la cohabitation et la paix, entre Homo Sapiens et Néanderthal, peut-être aussi avec Denisova.

En quelque 2,5 millions d’années d’existence (selon les plus anciennes traces fossiles trouvées à ce jour) le genre Homo a produit un foisonnement d’espèces dispersées géographiquement et leur développement dans des niches écologiques variées : Homo floresiensis, Homo luzonensis, Homo denisovensis et Homo neanderthalensis. Avec des pratiques grégaires très variées allant du nomadisme des chasseurs-cueilleurs prélevant dans leur environnement leur subsistance et sans notion de découpage du temps autre que celui des lunes et saisons, à celle de la sédentarisation liée à la production contrôlée de denrées nourricières et à l’appropriation de la terre engendrant la construction d’un découpage de temps arbitrairement compté propice notamment aux échanges marchands.

Néandertal a disparu mais est encore présent

Entre -50 000 et -30 000 ans toutes les espèces du genre Homo ont disparu, sauf Homo sapiens. Pourquoi? N’était-ce pas l’aboutissement inéluctable de la confrontation entre des modes de vie très différents? des peurs du manque et des réponses différentes apportées? de la propriété engendrant sa défense par un rapport de forces mortel envers quiconque, envers l’autre différent? de la remise en cause par l’Homo Sapiens de ce qui l’unissait au partage et à une forme primitive de fraternité découlant des accouplements entre les espèces Homo?

L’Histoire est l’Histoire des vainqueurs.

Pourtant survit encore en l’Homo sapiens contemporain – dit Homme moderne- une parcelle de gènes néandertaliens. Se pourrait-il que cette cohabitation génétique, en des proportions plus ou moins importantes suivant les individus, explique de nos jours les différents comportements individuels et sociétaux? Les éthiques de compétition ou bien de coopération? Les engagements pour des causes communes, l’amélioration des conditions de vie du groupe, la prise en compte du biotope environnemental ou bien l’indifférence à l’autre, à l’étrange voire à son rejet, le mépris du long terme et de l’environnement? Un rapport différent au temps et à la mort, à la propriété et aux déplacements?

Jean-Pierre Seignon
Journaliste indépendant

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(1) Homo, en latin, signifie « homme », « être humain », au sens générique. Alors que vir désigne l’« homme » au sens de « mâle », opposé à femina, « femme ». Le mot dérive du latin archaïque hĕmo, lui-même issu de l’indo-européen *dʰǵʰm̥mō (« [chose / fils] de la terre »).

Cet article a 2 commentaires

  1. Philippe

    Sur la notion du temps, la création artificielle de notre calendrier solaire, le découpage arbitraire de la journée en heures et minutes ect : un très bon numéro du magazine « l’Histoire » de juillet-aôut 2022 (l’invention du temps)

  2. Sophie

    Se pourrait-il que l’Homme moderne sapiens, prédateurs parmi les prédateurs, ne soit qu’une sombre erreur?

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