Coup de force : EDF lance un appel d'offre européen pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France
Par Rédaction le lundi 30 septembre 2019, 15:11 - National - Lien permanent
Englué dans ses "Bérézina" de Flamanville et anglais, similaires à celle de l'EPR d'Areva en Finlande, EDF vient de publier un appel d’offres pour la construction d'autres
réacteurs EPR en France tout en annonçant un surcoût voisinant les 3,5 milliards d’euros pour son chantier d'EPR d’Hinkley Point en Grande-Bretagne. Le gouvernement et le Président de la République ré-affirment publiquement leur attachement au
nucléaire. La loi de "Programmation Pluri-annuelle de l'Energie" (PPE) votée dernièrement par une majorité de député-es fanatiques pro-atomistes est bien du pipeau. "La Terre se meure, les
vieilles magouilles et idéologies demeurent.
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Des autruches qui se voilent la face. Des Ponce Pilate qui s'en lavent les mains sales. Telle est l'attitude adoptée systématiquement par les gouvernements qui se succèdent à la tête du pays depuis des décennies face aux déboires et à la gabegie de la filière nucléaire. Et à sa dangerosité et ses contaminations radioactives quotidiennes. Dernier animal en date : le couple Bruno LeMaire-Macron cornaqué par l'ex-directeur d'Areva en charge du lobbying, un certain Edouard Philippe, premier ministre.
Alors qu'EDF cumule un endettement de plus de 30 milliards d'euros
sans faire pour autant la démonstration de son savoir-faire
technique/commercial/financier et que ses chantiers pharaoniques d'EPR
en Finlande (ex-Areva), à Flamanville (Manche) ne cessent de voir leur
coûts flamber jusqu'à être multipliés par 3 avec en plus des retard de
plus de 10 ans dans leurs réalisations, ce sont 3 nouvelles infos
délirantes qui sont révélées : EDF lance, cette semaine, un dossier de
construction de 2 nouveaux EPR en France (certainement du côté de Penly dans la Manche), l'Etat va verser 400 millions
d'euros à EDF - après lui avoir déjà verser l'en dernier près de 3
milliards - pour la mise à l'arrêt de vieux réacteurs à Fessenheim alors
que ceux-ci auraient déjà du être fermés par le précédent Président de
la République, le projet d'EPR en Grande-Bretagne à Hinkley-Point est
dans la même situation que les EPR de Flamanville et Okiluoto : retard
et surcoûts. Surcoûts supportés non par les anglais mais par la France
en vertu d'une clause de garantie signée par EDF.
Face à cela, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire feint de s'insurger et parle de dérives (RTL*) tout en ré-affirmant publiquement l'attachement du gouvernement et du Président de la République au nucléaire. Allant jusqu'à convoquer la destruction atomique comme solution au réchauffement climatique. On voit là toute l'hypocrisie et l'enfumage de la loi de "Programmation Pluri-annuelle de l'Energie" qui tentait de faire croire à la réduction du nucléaire en France et à la parfaite maîtrise de cette technologie du passé. La Terre se meure, les vieilles idéologies demeurent.
Et pour faire bonne mesure, le gouvernement va démembrer EDF en 2 entités distinctes : la nucléaire en faillite étant renationalisé tandis que la très lucrative des big-datas avec Enédis et ses compteurs Linky et consors sera livrée au privé, tout comme les barrages hydro-électriques payés depuis des décennies par les français. Le bien commun au privé, les dettes aux contribuables. Le pouvoir français tenu par les petites mains "Young Leader" de la "French American Fundation" que sont E.Macron (2012) et E.Philippe (2011-2012) applique à la lettre les décisions du groupe de Bilderberg et de l'OMC.
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* https://www.rtl.fr/actu/politique/edf-nous-ne-pouvons-plus-accepter-ces-derives-dans-la-filiere-nucleaire-francaise-declare-bruno-le-maire-sur-rtl-7798376194 ( à la 29ème minutes)
Commentaires
https://lundi.am/Le-nucleaire-c-est...
En France, nous n’aimons rien tant que discuter de politique, de changements de régime, de nouvelles constitutions. Qu’un huluberlu surgisse et propose à l’attention publique sa petite réforme institutionnelle qui changera tout - le tirage au sort, le RIC ou on ne sait quelle nouvelle procédure décoiffante -, et l’on ne parle plus que de cela : du grotesque petit théâtre humain. C’est que gouvernants et gouvernés préfèrent en règle générale oublier ou faire oublier que leur liberté est contrainte, et qu’elle est notamment contrainte par une certaine configuration technique, et même technologique, du monde.
Parler de révolution, d’abolition de l’État ou même seulement de démocratie sans partir de l’évidence qu’il y a un énorme verrou sur la situation, et que ce verrou a la forme de 58 cheminées nucléaires, c’est se payer de mots. Si être un peu sérieux politiquement, c’est partir du fait que nos façons d’exister sont pour l’heure très largement configurées technologiquement, alors nous ne pouvions pas ne pas commencer par inviter la Parisienne Libérée, à l’occasion de la sortie de son livre, Le nucléaire c’est fini.
Rappelons que Bruno Le Maire n'est pas un jeune poussin frais : le fils d'un cadre du groupe Total et de la directrice des établissements scolaires privés catholiques Notre-Dame de France dans le 13e arrondissement de Paris, énarque en 1998 il entre au ministère des Affaires étrangères à la direction des Affaires stratégiques, de Sécurité et du Désarmement, et sévit depuis plus de 13 ans dans les couloirs politiciens comme successivement collaborateur au secrétariat général de la présidence de la République de Jacques Chirac, conseiller pour les affaires étrangères au ministère des Affaires étrangères en 2002 puis au ministère de l'Intérieur en 2004 puis conseiller politique du Premier ministre en mai 2005, directeur de cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin entre 2006 et 2007 en charge de la privatisation des autoroutes, puis est élu député UMP, secrétaire d'État aux Affaires européennes de 2008 à 2009, puis de l'Agriculture au sein des deuxième et troisième gouvernements de François Fillon.
Le ministre de l'économie, Mr Le Maire veut réaliser un audit indépendant de la filière nucléaire d'ici au 31 octobre.
Il faut peut-être lui indiquer que cet audit existe déjà et qu'il est mené depuis de nombreuses années par des associations, journalistes, « experts » et chercheurs indépendants avec des angles d'approche divers et variés. L'examen de leurs publications conduit à la conclusion suivante : au regard du danger que constituent ces installations, de leur état, des pollutions qu'elles engendrent, des contaminations qu'elles provoquent chez les travailleurs et les riverains, des déchets ingérables qu'elles génèrent, ...il faut les arrêter avant une nouvelle catastrophe !
Mais comme ces arguments ne sont sans doute pas convaincant pour un ministre de l'économie on peut juste lui indiquer que le nucléaire est un gouffre financier.
C'est ce que montre une étude indépendante, réalisée par des économistes allemands, qu'il devrait pouvoir consulter sans problème :
https://www.diw.de/documents/publik...
Selon le résumé de cette étude la valeur actualisée nette d'un réacteur nucléaire de 1 000 MW, sur sa durée de vie, est comprise entre -1,5 et -8,9 milliards d'euros. Et cette « valeur » négative, qui est donc une destruction de valeur, ne comprend pas les coûts de démantèlement et de gestion à long terme des déchets nucléaires produits.
Pour l'ensemble des 58 réacteurs nucléaires français la destruction de valeur économique, selon cette étude, serait donc comprise entre 87 et 516 milliards d'euros auxquels il faudrait ajouter les coûts de démantèlement et de gestion des déchets à long terme.
Si le ministre de l'économie cherche des économies pour le budget de l'Etat il a donc une solution à portée de main : arrêter immédiatement l'ensemble des réacteurs nucléaires français.
En plus ça devrait permettre à sa collègue ministre de la santé de faire aussi des économies à long terme (cancers et maladies diverses évités). Pour le ministre des armées idem, le nucléaire dit civil étant arrêté, il serait obligé à son tour de démanteler l'arsenal nucléaire devenu infinançable et ingérable en plus d'être inutile.
On peut étendre le raisonnement à d'autres ministères, les économies réalisables sont sûrement encore plus importantes que le seul gain direct dû à l'arrêt des pertes astronomiques de l'industrie nucléaire.