CANSE

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Ils nous l'ont vanté et affirmé sur tous les tons depuis près de 60 ans. On vous le dit « la France est un grand pays indépendant dont l'industrie et la technique représentent le summum de la perfection mondiale qui vous garantit le bonheur, le progrès, la liberté, la grandeur nationale, la suprématie dans le monde, l'emploi et de petits-prix ». Plus dure est la chute. Pour les travailleurs et la population évidemment qui doivent et devront combler une seconde puis une troisième fois par leurs impôts les coûts et les pertes financières du casino capitaliste fut-il pendant un temps nationalisé. Mais aussi pour tous les valets de la destruction atomique qui ont dressé au fil des ans des lauriers aux barbares : politiciens de tous bords, journalistes de presque tous les médias écrits et audiovisuels, haut-fonctionnaires zélés qui mettaient tout en œuvre pour nous faire avaler les mensonges et illusions les plus folles.

EDF plonge donc à son tour financièrement en écho à sa faillite technique et technologique à l'image de son EPR de Flamanville, de son « grand carénage » en difficulté et à la dégradation de ses réacteurs atomiques dont le délitement et la vétusté accentuent les menaces sur l'ensemble du territoire et sur la planète entière.

EDF viré du CAC40 et chute vertigineuse de la valeur de son actions de  - 61,16 %

L'entreprise privée-publique (dont le Commissariat à l'Energie Atomique et l'Etat détiennent depuis sa privatisation près de 85%) est virée de la cour des grands du casino spéculatif boursier du monde capitalistique moderne. Le couperet est tombé juste avant la fin de l'année 2015. Entré dans le CAC 40 il y a 10 ans, voilà qu'EDF en est éjecté, tellement ses résultats et perspectives de profits et même simplement d'équilibre financier sont désastreux.

Les spéculateurs et autres gros actionnaires ne veulent plus risquer un fifrelin sur l'électricien atomique et pas plus sur Areva. D'autant que le nucléaire, sans la perfusion financière permanente de l'Etat, des contribuables donc, depuis sa création et tout au long de son existence, n'a jamais été rentable ni même fiable économiquement. Selon un rapport de l’ENA, le soutien  accordé à la recherche nucléaire depuis 1974 dans l’investissement initial et la « recherche et développement » s’élèverait à 159 Milliards de Dollars. Payés par les contribuables. L’aventure du surgénérateur super-phénix ayant coûté à lui seul 30 Mds. Et les atomistes du C.E.A veulent relancer ce projet sous son appellation modernisé de « Astrid » à Marcoule dans le Gard.

Le signal d'alerte avait été tiré sur les places financière dès 2009, en raison de l’acquisition de British Energy en Grande-Bretagne devenue filiale d'EDF en charge de tenter de construire quelques réacteurs atomiques EPR sur l'île : l’agence de notation Fitch avait alors déjà décidé d’abaisser la note de défaut émetteur long terme (IDR) de AA à A+ et la note de la dette senior de AA à AA-(moins). Donc ce n'est pas d'aujourd'hui que le rideau de fumée jeté sur le nucléaire par tous les gouvernements successifs est déchiré.

Très endettée à près de 42 milliards d'euros courant 2015,  la dette brute d’EDF en 2013 s'élèverait en fait au total à 100 milliards selon Bernard Brun, ancien délégué général d’EDF, et François Carême, ancien directeur à la R&D d’EDF (1). Alors même qu'EDF doit racheter une partie d'Areva en déconfiture, et a décidé d'investir massivement pour prolonger à tout prix ses 58 vieux réacteurs nucléaires à bout de souffle; tout en étant aussi plombé par son réacteur de pseudo « 3eme génération » et contraint de verser des dividende conséquents au CEA :  EDF et son groupe dirigeant, issus principalement de l'Ecole des Mines et de Polytechnique, refusent d'envisager un autre avenir hors l'atomisme. Normal : c'est le Commissariat à l'Energie Atomique (C.E.A) qui est son principal actionnaire.

Et on n'évoque même pas les provisions pourtant indispensables et les coûts d'un éventuel démantèlement des installations décaties. Ça, ils le laisse à nos enfants et petits-enfants. Tout comme le coût de l’enfouissement criminel des déchets à vie longue – contre lequel il serait bien de s'opposer encore plus fermement - qui serait passé de 15 à 35 milliards d’euros ; l’essentiel du paiement de cette somme ( 80 % du coût du traitement à long terme des déchets) revenant à EDF devant AREVA. Une autre bombe à retardement sanitaire et financière.

Beau résultat ! Y compris du simple point de vue capitaliste. Ah, la rente nucléaire n’est plus ce qu’elle était : le cours de l'action EDF vaut moins que la moitié du prix de son introduction en Bourse en 2005. A moins de 13€, exactement 12,75€ au 10 janvier 2015, pour un achat initial de  32€. Ni la croissance de l’activité pourtant prévue, annoncée et claironnée sur tous les toits par ses laudateurs de tous poils, ni la rentabilité garantie à vie par l'engagement de l'Etat-providence des nantis n’ont été au rendez-vous. Les têtes d’œufs des grandes entreprises et des ministères, grands planificateurs aptes à donner des leçons aux vas-nu-pieds, n'en sont pas à un choix stratégique et financier erroné. Et finalement peu importe : ce sont les consommateurs-contribuables qui paieront par l'augmentation du coût du Kwh et des impôts de toutes natures.

Un fiasco aussi pour les 4,8 millions petits actionnaires français, dont bon nombre de salarié-es du groupe, qui ont massivement cru à la logique du système capitaliste et participé et applaudi à la privatisation. D'autant que la direction d'EDF a dû procéder à plusieurs cessions d'actifs (entreprises ou filiales et actifs financiers) depuis 2007 sans rien arranger à l'histoire..

Tandis que les politiciens patronaux, tant de droite avouée que socialistes, appellent sans cesse les salariés et chômeurs à se serrer la ceinture en les culpabilisant, incapables qu'ils seraient à « changer de logiciel » en acceptant, par exemple, la destruction de leurs droits sociaux gagnés par leurs luttes anciennes contre le patronat : les nantis et dominants demeurent droits dans leurs vieilles bottes esclavagistes et leurs certitudes éculées, accrochés qu'ils sont à l'habitude de recevoir de l'Etat la manne financière et des cadeaux sonnants et trébuchants.

Tout comme Areva, EDF va donc diminuer son nombre de travailleurs pour tenter de sauver à tout prix les meubles de ses actionnaires. Et cerise sur le gâteau financier spéculatif : diminuer aussi comptablement et techniquement l'endettement initialement conçu sur 20 ans par … le prolongement des réacteurs atomiques à 30 ans, puis pourquoi pas à 40 ans (demande déjà présentée par EDF) et puis tant qu'on y est à 50 ans comme le susurrent déjà les fins stratèges du cataclysme final. La sécurité et la vie de la population : ils s'en cognent.

Les autres mensonges d'EDF ...

La semaine dernière, alors qu'EDF avait sponsorisé en grande pompe la mascarade de la COP21 en se présentant, à coup de valises d'Euros sortis de la poche des abonnés et consommateurs, comme une entreprise vertueuse à bas carbone, le Jury de Déontologie Publicitaire (JDP) vient de mettre à mal sa propagande sur son pipeau d'électricité à « 98% sans CO2 ». Non l'exploitation nucléaire, majoritaire à 74% dans son ridicule « mix électrique », n'est pas un atout face au « changement climatique » car l'atomiste ne peut nier les émissions de gaz à effet tout au long du cycle d'exploitation nucléaire depuis la mine jusqu'à la prise électrique et les déchets radioactifs, mortels pour des milliers d'années.(2)

Non, la campagne publicitaire de EDF « Face à la croissance des besoins (ndlr : présupposés) en électricité, EDF produit, commercialise et distribue une électricité sûre, abordable et décarbonée …. Face aux défis du réchauffement climatique : EDF produit une électricité peu émettrice de CO2 » n'est pas une vérité d'autant qu'EDF ... ne produit que 10,7% d’hydraulique et 0,1% d'autres énergies renouvelables, mais demeure bien la 19ème entreprise au monde... la plus émettrice de gaz à effet de serre !

Ce retoquage par  le Jury de Déontologie Publicitaire (JDP) vient en complément du « Prix Pinocchio du climat » (3) reçu par EDF, aux côtés du financeur bancaire de "grands projets inutiles et nuisibles" BNP-Paribas à l'occasion d'une consultation populaire ayant précédé la COP21.

... et une condamnation

Et ce n'est pas tout car en matière de sécurité, et au-delà des déclarations de bonnes intentions et de sa propagande, EDF vient d'être une nouvelle fois condamnée. Et par la justice pénale. Suite à la mise en demeure de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) en juillet 2012 de corriger et cesser ses manquements graves dans sa capacité à gérer les situations d’urgence sur le chantier de démantèlement de Superphénix . Cet ancien réacteur nucléaire définitivement arrêté en 1996, situé dans l'ex-centrale nucléaire de Creys-Malville, en bordure du Rhône à 30 km en amont de la centrale nucléaire du Bugey. C'était à l'origine un prototype de réacteur à neutrons rapides (RNR) à caloporteur sodium des plus dangereux dont le C.E.A tente de relancer et imposer le projet, vingt ans plus tard, sous le nom de "Astrid". On arrête d'un côté, on relance de l'autre. C'est ça la politique et le nucléarisme.

Ainsi sur ce chantier titanesque il a été constaté que les moyens de gestion des situations d’urgence qu'EDF était censé mettre en oeuvre étaient très nettement insuffisant et que le personnel, n'était toujours pas formé et entraîné aux situations d’urgence ce qui mettaient en danger et les travailleurs du site, et la population et menaçait tout l’environnement,

Reconnue une première fois coupable de violation d’une mise en demeure par la justice, EDF avait bénéficié d'une dispense incompréhensible de peine par le Tribunal. Un message d’impunité envoyé aux exploitants délinquants en quelque sorte. La Cour d’appel de Grenoble vient, en levant cette dispense inadmissible dont un justiciable lambda ne pourrait bénéficier, de condamnée l'électricien atomiste. Reconnue coupable de violation d’une mise en demeure de l’ASN EDF est condamnée à 20 000 € d’euros d’amende. Une goutte d'eau pour une telle entreprise qui ne l'empêchera pas de poursuivre dans le mauvais chemin.

La survie d'EDF et d'Areva contre la vie de la population

Le gouvernement, le petit doigt sur la couture du pantalon, vient de décider de contourner la Loi, par une modification  le 3 janvier 2015 de l’arrêté ESPN (Equipements Sous Pression Nucléaire) pour satisfaire les exigences des fanatiques de la destruction atomique.

La cuve de l'EPR (European Pressurized Reactor) en cours de construction dans la Manche à Flamanville a été fabriquée par Areva dans des conditions qui ne respectent pas les normes de qualité de fabrication exigées par la réglementation tout en présentant aussi des défauts de résistance : l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ne peut donc pas l'homologuer et valider une étape juridiquement indispensable pour autoriser la mise en service finale du gigantesque nouveau réacteur de destruction atomique géré par EDF. Qu'à cela ne tienne !

Fi de la Loi et de la sécurité des peuples : dorénavant, grâce à l'arrêté gouvernemental taillé sur mesure, « l'Autorité de sûreté nucléaire peut, par décision prise après avis de la Commission centrale des appareils à pression… autoriser l'installation, la mise en service, l'utilisation et le transfert d'un équipement sous pression nucléaire ou d'un ensemble nucléaire n'ayant pas satisfait à l'ensemble des exigences des articles L. 557-4 et L. 557-5 du code de l'environnement ». Il ne reste plus qu'à Areva et EDF et au C.E.A et à l'Andra à présenter systématiquement des demandes de dérogation. Ce qu'ils ne dédaigneront pas pour leurs autres projets démentiels tels « Astrid » à Marcoule dans le Gard, « ITER » à St-Paul les Durance dans les Bouches-du-Rhône, "Cigeo" la poubelle nucléaire dans la Meuse et ailleurs sur le territoire.

Elle est pas belle, la « grandeur » de la France ? Et c'est " au nom du peuple ".  On laisse faire ou on réagit ?

Esther Helle

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(1) http://bernardbrun.fr/125/
(2) http://www.franceinfo.fr/actu/justice/article/edf-epingle-par-le-jury-de-deontologie-de-la-publicite-757001
(3) http://www.prix-pinocchio.org/ . Les Prix Pinocchio du climat » ont pour objectif de pointer les entreprises qui se construisent une image "verte" à grand renfort de communication pour mieux détourner l’attention de leurs activités polluantes