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La catastrophe de Fukushima, la plus grave du secteur nucléaire depuis celle de Tchernobyl (Ukraine) en avril 1986, a entraîné d'importantes émissions radioactives dans l'air, les sols et les eaux de la région - qui se poursuivent jour et nuit-  et obligé plus de 100 0000 habitants à quitter leurs lieux de vie.

100 milliards d'euros et certainement beaucoup plus

La somme de 100 milliards d'euros (10.000 milliards de yens) relève pour l'heure de l'hypothèse car elle ne comprend pas les charges liées au démantèlement des quatre réacteurs ravagés sur les six que compte le site. 

2012-11-01_fukushima-decontamination-et-dedommagements--100-mds-euros_site-nucleaire-detruit_1.jpg"Nous devons discuter avec le gouvernement des besoins selon plusieurs scénarios", a répondu mercredi le président de Tepco, Kazuhiko Shimokobe, à un journaliste l'interrogeant sur le risque d'un doublement du montant de 5.000 milliards de yens précédemment évoqué par le groupe.

Non seulement les sommes évoquées relèvent de l'incertitude du point de vue technique mais aussi humain d'autant que ces opérations dureront quelque 40 ans et nécessiteront le développement de nouvelles technologies ainsi que la formation de milliers de techniciens. Et ce, dans l'hypothèse ou les fuites radioactives quotidiennes toujours en cours après 19 mois parviendraient à être stoppées. Ce qui est impossible au vue de l'état de délabrement et de chaos sur le site.

"Nous ne savons pas à l'heure actuelle quel sera le coût total, car nous révisons les chiffres pour la décontamination et les compensations chaque trimestre, mais si cela dépasse 5.000 milliards de yens, l'entreprise aura du mal", a-t-il prévenu.

Beaucoup plus que 100 milliards d'euros si il faut nettoyer les zones réellement contaminées et stocker les déchets

2011-09-30_Japon_carte-contamination_mextmonitor9-27-1.JPGTepco indique en outre dans un document qu'une rallonge du même ordre de grandeur sera nécessaire en cas de volonté et de décision de nettoyer une zone plus étendue que celle très réduite et sans fondement définie initialement, ainsi que pour la construction de sites de stockage temporaires de détritus radioactifs. Car ce n'est pas prévu encore. Et d'ajouter que l'Etat - et donc les citoyens - devrait de toute façon allonger de nouveaux fonds supplémentaires pour le retrait du combustible fondu et d'autres interventions liées à la déconstruction du site, Tepco n'ayant mis de côté que 10 milliards d'euros (1.000 milliards de yens) pas plus, c'est à dire une somme dérisoire à l'image des entreprises françaises du nucléaire qui ne sont pas en mesure d'indemniser les victimes.

Ruinée, la compagnie nucléaire, tente de donner le change en promettant d'économiser en 10 ans près de 3.300 milliards de yens (près de 33 milliards d'euros soit moins de 1%). Comment? sur le dos de qui? des travailleurs et de la sécurité, et de la population évidemment.

Dans le désarroi et l'incompétence, au-delà de l'image hyper-techniciste de l'activité nucléaire

Tepco insiste depuis quelques semaines sur la nécessité de repenser la vision actuellement en vigueur pour financer les réparations nécessaires et envisage de créer dans la région de Fukushima un siège spécifique pour gérer cette catastrophe nucléaire ainsi qu'un centre de recherche pour concevoir les techniques de nettoyage du site et des environs de la plus importante catastrophe de l'histoire monstrueuse du nucléaire dit "civil". Eh oui, à aucun moment, dans aucun pays, le lobby nucléaire n'a envisagé et mis au point les techniques adaptées au risque - criminel - de la destruction atomique.

Nationalisée cet été Tepco est en fait incapable d'assumer seule le coût de la catastrophe. Et il est plus que probable que le groupe revoie plusieurs fois à la hausse ses évaluations, sachant notamment que rien n'a encore été décidé ni pris en compte concernant les deux réacteurs épargnés de "Fukushima Daiichi" et les quatre autres de la deuxième centrale "Fukushima Daini", de cette préfecture du nord-est du Japon.

Plus d'un million et demi de victimes du nucléaire pour finalement revenir au fonctionnement des centrales thermiques au gaz et au pétrole

Elle est non seulement contrainte d'indemniser plus d'un million et demi de victimes et de procéder à des dépréciations massives d'actifs, mais elle doit également continuer à alimenter en électricité l'est du Japon, dont Tokyo. Elle doit pour cela faire tourner à plein régime ses centrales thermiques et dépenser maintenant et subitement, de par la catastrophe nucléaire, des sommes astronomiques en achat de gaz et pétrole qui n'auraient pas été nécessaires si le nucléaire n'avait pas été mis en place.

2012-09-04_enfants-Fukushima-thyroide.jpgLe coût global du drame de Fukushima, qui a fait de nombreux morts et près de 4000 contaminés parmi les travailleurs, sans évoquer les centaines de milliers de personnes et d'enfants qui vont développer des cancers et autres maladies, dépassera dans tous les cas et de loin ce qui sera effectivement pris en charge par Tepco ou l'Etat japonais. Car il faudrait y inclure aussi tous les effets régressifs et destructeurs sur le commerce, l'industrie, le secteur touristique, etc... et pas seulement dans la préfecture de Fukushima mais dans l'ensemble du Japon.

Autant dire que le nucléaire est une aberration criminelle dont il faut débarrasser l'ensemble de la planète sans attendre.

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source : JR d'après AFP